Avec son nouveau boîtier GPi Case, Retroflag a décidé d’enfoncer le clou une bonne fois pour toute en démontrant définitivement son savoir-faire en terme de boîtier de protection pour Raspberry Pi.
Présentation
Retroflag est une marque de boîtiers pour Raspberry Pi que j’affectionne particulièrement de part la qualité de fabrication, la fidélité de reproduction et l’ingéniosité de leurs boîtiers.
Précurseurs des boîtiers Raspberry Pi haut de gamme abordables au look de consoles 8 ou 16 bits, ils se sont récemment attaqué avec brio à la fabrication de manettes de jeu pour accompagner leurs boîtiers Retroflag SuperPi et Retroflag MegaPi.
Quoi de plus normal donc qu’ils se tournent à présent vers un monstre du retrogaming vieux de 30 ans : le GameBoy !
Fans de rétrogaming, pour cet anniversaire des 30 ans du GameBoy, Retroflag va faire vibrer votre fibre nostalgique de vieux gamers !
Retroflag vient en effet de sortir un boîtier pour Raspberry PI Zero / Zero W reprenant trait pour trait le design du GameBoy, écran couleur en plus.
Le Raspberry Pi Zero et Zero W
La carte mère Raspberry Pi Zero est la solution PC la plus abordable du marché pour qui veut monter un système compact ou embarqué (MediaCenter, domotique, affichage dynamique, robotique…etc.). Il est normalement proposé au prix public de 10€ mais reste difficile à trouver à ce tarif.
Pour ma part j’ai trouvé le Raspberry Pi Zero W à 11€ fdpo sur Kubii, achat facile et envoi rapide : https://www.kubii.fr/pi-zero-w/1851-raspberry-pi-zero-w-kubii-3272496006997.html
Malgré sa taille réduite, ce modèle présente une alimentation mini-USB, un port mini-USB dédié aux périphériques externes (clefs, claviers, dongle, etc.), un port micro-HDMI (par forcément l’idéal), une connectique pour la caméra pi et bien sûr un port Micro-SD. Pas de prise jack, ni composite.
La version Zero W signifie Wireless. Là ou l’ancienne version nécessitait de recourir à des dongles Bluetooth et Wi-Fi pour exploiter une liaison sans fil, le Raspberry Pi Zéro W intègre donc nativement une puce Cypress CYW43438 comme sur le Raspberry Pi 3.
Attention, le Raspeberry Pi Zero WH n’est pas compatible avec le boîter Retroflag GPi Case car il possède un porte GPIO pré-soudé.
Caractéristiques techniques Raspberry Pi Zero W:
- Processeur monocore ARM 11 Broadcom BCM2835 @ 1 GHz
- 512 Mo de RAM
- Lecteur de cartes Micro SD
- Sortie video mini HDMI
- Deux ports micro USB dont un utilisé pour l’alimentation (non fournie)
- 1 port CSI pour connecter une caméra de surveillance
- Connecteur 40 broches compatible HAT
- Pastilles à souder pour sortie vidéo composite et Reset
- Wi-Fi 802.11 b/g/n et Bluetooth 4.1 BLE (faible consommation d’énergie)
- Dimensions : 65 x 31 x 5 mm
Sur cette URL Recalbox, vous pourrez vérifier avec quelles émulations de console le Raspberry Pi Zero est compatible : https://github.com/recalbox/recalbox-os/wiki/Board-Compatibility-(EN)
Déballage et 1ères impressions du boîtier
Contrairement aux versions de boîtiers Retroflag précédentes, ce packaging ne reprend pas l’esthétique du produit original. La boite ne ressemble donc pas à un GameBoy mais un simple emballage carton violet avec des schémas. Un peu tristounet…
Mais le plus important est à l’intérieur.
On retrouve donc dans le kit :
- Le boîtier GPi Case
- un câble d’alimentation USB 80 cm (sans chargeur)
- une notice de montage
- un kit de visserie comprenant un tournis avec embout double
Comme toujours avec Retroflag, la qualité de fabrication et de reproduction est étonnante. Le GPi Case ressemble à un vrai GameBoy (la taille réduite, l’écran plus grand et 2 boutons en façade en plus).
Placés côte à côte, la ressemblance est frappante, à se demander comment Nintendo va réagir…
Bon… je vous l’accorde, mon vieux GameBoy (que j’ai eu quand j’avais une quinzaine d’années) a un peu jauni (mais il reste fonctionnel). Je pense que sa couleur initiale devait se rapprocher de celle du GPi Case.
Quand on y regarde de plus près, les différences du GPi Case sont vraiment minimes :
- un écran bien plus large
- 2 nouveaux boutons X et Y en façade
- des crans sur la croix directionnelles
- le témoin de batterie déporté en haut
- 2 boutons L et R placés à l’arrière du boîtier
- 1 compartiment à piles prévu pour 3 piles AA placées horizontalement
La question que l’on se pose c’est pourquoi il a été décidé d’utiliser 3 piles AA plutôt qu’une batterie rechargeable en USB ?
En fait il y a 3 raisons à cela :
1/ Vouloir rester proche du GameBoy original
2/ Baisser les coûts de production et donc le prix de vente
3/ Pas de batterie, livraison plus facile
Comme vous pouvez le remarquer sur la photo ci-dessus, la cartouche est factice. Ses côtés imitent les bords de la console.
Il n’y a rien d’étonnant à cela puisque c’est dans cette fausse cartouche que va prendre place notre Raspberry Pi Zero. Sachant que lui-même utilise le SD card qui contiendra les futures ROM c’est plutôt logique en fait. 😀
Vous remarquerez que la déco du faux jeu est dédicacée à l’anniversaire du trentième anniversaire du GameBoy. Un joli clin d’œil.
Ce qu’on peut également remarquer lorsque le compartiment à pile est ouvert, c’est la prise micro-USB dédiée à la mise à jour du firmware du GPi Case, ce dernier n’étant pas un simple boîtier pour Raspberry Pi mais bel et bien la composante d’une véritable console de jeu portable puisqu’il intègre le son, l’image et la manette.
Les boutons L et R sont également bien repérables avec les 3 petits picots servant au toucher.
Installation
Bien évidement je vous invite à lire la notice d’installation dans son ensemble avant de commencer. Elle est très claire et bien détaillée.
Il convient notamment de la lire jusqu’au bout car l’étape 10 est importante. Les vis de fixation se placent à l’extérieur, c’est le tout qui tient l’ensemble. Personnellement j’ai voulu improviser et j’ai eu quelques petits soucis donc RTFM !
Procédez avec beaucoup de minutie, tous les composantes sont fragiles, le connecteur d’alimentation comme la visserie.
Le Raspberry Pi Zero W va donc prendre place dans ladite fake cartouche.
Pour cela, il suffit de l’ouvrir en deux (à la réception elle n’est pas vissée) et se munir du petit sachet de fixation et du tournevis.
On commence par placer le connecteur d’alimentation fourni dans la prise micro-USB intérieur du Raspberry Pi Zero.
On place ensuite le Raspberry Pi dans la partie extérieur de la cartouche. Il sera fixé via les 4 vis dorés, qui feront également office de pas de vis pour la fixation de l’autre partie de la cartouche.
On place ensuite le connecteur de port cartouche par dessus le Raspberry Pi et on branche la petite nappe noir dans le connecteur prévu à cet effet, elle servira à alimenter le Rapsberry Pi Zero. Attention, le connecteur est très fragile !
La connexion au reste des fonctions (écran, carte son, boutons et croix directionnelle) de la console est confié au connecteur GPIO qui rentrera en contact sans soudure avec celui du Raspberry Pi Zero.
Il reste à placer la petite pièce en caoutchouc servant à protéger le port Micro SD.
L’ensemble sera maintenu en refermant la cartouche avec les 4 vis.
Il suffit ensuite de réinsérer cette fausse cartouche dans le boîtier Retroflag GPi Case.
Le système imaginé par Retroflag est super ingénieux et magnifiquement réalisé au millimètre près.
Il demande néanmoins beaucoup de précautions et de minutie car tous ces composants sont très fragiles, vis comme connecteur. Ce n’est pas prévu pour être démonté/remonté plusieurs fois, et encore moins pour être monté en force. Je vous parle en connaissance de cause.
Le principal inconvénient que je vois à cette méthode de fixation c’est que le Raspberry Pi risque de chauffer en étant ainsi enfermé dans cette cartouche.
Il n’y a pas de trou d’aération prévu. Même si le Pi Zero ne semble pas être réputé pour chauffer, je reste dubitatif.
Certaines personnes ont tout de même décidé de rajouter un mini dissipateur thermique plat (2mm) en cuivre, il permettrait de gagner 5°C.
RecalBox v6.1
A noter : j’ai choisi d’installer RecalBox, mais rien n’empêche d’installer un autre système tel Retropie.
Comme nous l’avons vu plus haut, il s’avère que le GPi Case utilise le port GPIO du Raspberry Pi Zero pour réceptionner le signal vidéo et l’envoyer à l’écran intégré, or par défaut Recalbox utilise lui le port HDMI.
Donc si on utilise la dernière version 6.0 stable de Recalbox pour faire tourner ce GameBoy néo rétro, on a droit à un bel écran noir. Gloups !
Pour corriger ce problème, comme précisé dans la notice Step2, Retroflag fournit un script à l’adresse : http://download.retroflag.com/ ; Profitons-en pour installer également le script de Safe-shutdown. Il permet au boitier de quitter proprement RecalBox quand on éteint la console via le bouton Power.
Bien sûr, tout cela suppose d’avoir installé RecalBox sur le Raspberry Pi avant de l’avoir installé dans sa fake cartouche.
Mais, dans sa grande bonté, l’équipe de dev de RecalBox s’est empressée de réaliser un patch dédiée au boîtier GPi.
Et comme il leur a fallut refondre une bonne partie du code, puis adapter le template à l’écran du GPi Case, tout en laissant l’ensemble compatible avec les autres types d’installation plus classiques d’un Raspberry PI Zero, ils ont décidé de proposer directement une version v6.1 (pour l’instant en bêta publique : https://forum.recalbox.com/topic/18158/recalbox-sur-boitier-gpi-beta-publique).
Edit 10/2019 : La version 6.1-Dragonblaze de Recalbox est sortie. Chaque béta (il y en a eu 4) a apporté son lot de nouveautés.
Voici la liste de ce qui est modifié :
-
- Tous les mode vidéos sont mis par defaut pour éviter la gestion du port HDMI
- Le nom réseau du GPi devient RECALBOXGPI
- Kodi et le bouton X sont désactivés
- Le gamepad virtuel est désactivé
- Les mises à jour sont désactivées
- Les Netplay est désactivé
- Le Bluetooth est désactivé
- Les drivers XArcade & PS3 drivers sont désactivés
- Les popup musique sont désactivées
- Le configuration pad XBOX360 est remplacée par celle du GPi (Oui, le contrôleur du GPi est reconnu comme un pad XBOX360!)
- Le thème optimisé recalbox-gpicase est copié dans /recalbox/share/themes et activé
Voici également ce qui est installé :
- dpi-pizero-gpicase.dtbo : Driver écran du GPi
- pwm-audio-pizero-gpicase.dtbo : Driver son du GPi
- Le script d’arrêt sécurisé, réalisé par RetroFlag et modifié par l’équipe Recalbox pour un arrêt très rapide.
C’est du vrai boulot de pro !
A ce sujet, n’hésitez pas à les soutenir en faisant un petit don : Je donne à RecalBox ! En ce qui concerne l’installation même de RecalBox, toute la préparation de la carte SD est expliquée ici : https://ouiaremakers.com/posts/tutoriel-diy-montez-votre-console-de-jeu-retrogaming-multi-plateformes-avec-recalbox
Dans un premier temps il est possible d’alimenter le boîtier GPi Case via le mini câble USB propriétaire fourni.
D’ailleurs, pour ne pas dénaturer l’esthétique originale du GameBoy, à la manière de Nintendo à l’époque Retroflag a choisi d’utiliser un simple connecteur d’alimentation rond plutôt qu’une prise USB. Ça reste donc fidèle au GameBoy original mais c’est loin d’être pratique car il faudra penser à ne pas oublier ce câble propriétaire quand on part en voyage. Dommage !
Et encore plus dommage, ce câble ne mesure que 80cm, ce qui est relativement court si on veut jouer branché en mode filaire.
La photo ci-dessus montre la V6 de Recalbox, mais je rappelle qu’il est préférable de télécharger le V6.1 bêta intégrant l’adaptation de RecalBox au boîtier GPi Case.
En pratique
L’image de RecalBox V6.1 bêta installée sur la SD card, je la replace dans la fake cartouche et j’allume la console.
Il n’y a pas le « ting » original du GameBoy, dommage, ça aurait été fun… Mais l’image couleur suffit à faire oublier ce détail qui sonne comme une madeleine de Proust.
Un RecalBox qui tourne sur un GameBoy couleur, y’a pas à dire, c’est FUN !
L’interface RecalBox est bien optimisée pour le boîtier Retroflag GPi Case. Il reste bien sûr des petites corrections d’interface à faire mais je rappelle que c’est une bêta.
L’affichage à l’écran est relativement propre. On est bien sûr pas sur un écran Oled de portable mais c’est tout à fait correct et parfait pour jouer à des jeux rétro. Les caractères même de petite taille restent lisibles (dans la mesure du raisonnable). L’écran est également bien rétro éclairé et permet de jouer en plein jour ou la nuit.
L’ergonomie du boîtier est sensiblement la même qu’un gameboy original mais la taille un peu plus petite réduit un peu le confort pour les grandes mains. Quant aux boutons arrières ils sont plutôt difficiles à appréhender, ils demanderont une certaine habitude mais on le mérite d’exister pour les jeux SNES.
Upload Wi-Fi ! Temps infini !
Bon, je ne vous apprends rien mais uploader un gros volume de fichiers en Wi-Fi c’est l’enfer. Donc si vous avez une grosse collection de Roms à uploader sur la carte SD du GPi Case, il faut trouver une autre solution.
Les partitions créées lors du flashage de l’iso RecalBox sont sous format Linux, il faut donc soit un Linux soit un petit utilitaire pour monter la partition /share sous windows 10.
2 solutions :
1/ Booter sur un live-CD Linux, et accéder à la partition data de la carte SD via un adaptateur USB.
2/ Installer le driver Paragon pour accéder à la partition EXT4 de votre SD Card (https://www.paragon-software.com/fr/home/linuxfs-windows/)
En cherchant un peu on trouve même un vieux tuto sur le forum :
https://forum.recalbox.com/topic/5307/tuto-acc%C3%A9der-aux-partitions-de-sa-carte-sd-directement-sous-windows
Par contre, « Linux File Systems for Windows » de Paragon n’est disponible que 10 jours en édition Trial, après cette période d’essai il vous en coutera 20€ ou un débit de transfert limité.
Voici donc quelques alternatives : https://alternativeto.net/software/paragon-extfs/
Autonomie mon ennemi
Voilà la grande question que tout le monde se pose : Quelle est l’autonomie du Gpi Case + Raspberry PI Zero ?
Partant du principe que le GPi Case ne réclame que 3 piles R6, on est en droit de penser qu’elle ne sera pas énorme. Et c’est malheureusement le cas.
Les premiers tests réalisés par RecalBox tendent à montrer une durée de jeu d’environ 2h. Pour ma part j’ai pu la laisser tourner 3h30 en mode démo (désolé mais je n’ai pas trop le temps de jouer en ce moment) avec des piles 2900mAh. Ce qui est trèèèès peu au regard du GameBoy original qui proposait, 30 ans plus tôt, jusqu’à 30h d’autonomie. Gunpei Yokoi, quel génie !
On serait donc proche de l’autonomie du Sega Game Gear, voire de la Lynx d’Atari. En effet, la console de Sega équipée d’un écran couleur demandait en effet 6 piles pour 4h d’autonomie. Face palm !
Il faudra donc penser à lui adjoindre une batterie portable ou un chargeur 220v et jouer en filaire. Cela dit en voiture, branché sur un allume cigare, c’est le jouet idéal pour les enfants à l’arrière lors du départ en vacances. Si le câble d’alimentation d’origine n’avait pas été si court…
Amis bidouilleurs, sortez votre fer à souder !
Et pour ceux qui se poseraient la question, le câble d’alim ne permet pas de recharger les piles à l’intérieur du boîtier GPi Case.
Conclusion sur le Boîtier Retroflag GPi Case
Comme toujours les boîtiers Retroflag sont fabriqués avec beaucoup de minutie, présentent une superbe finition et offrent une ressemblance parfaite avec le modèle original qu’ils copient.
Ici Rétroflag va encore plus loin avec son GPi Case en transformant un Raspberry Pi en véritable console de jeu portable néo rétro. Leur partenariat avec RecalBox simplifiant à l’extrême l’installation et l’utilisation du GPi Case. Dommage que l’autonomie ne soit pas au niveau de ce qu’on est en droit d’attendre d’une console portable en 2019, c’est vraiment un défaut majeur à mon sens qui relègue le GPi Case à un objet Geek plus qu’une véritable console moderne.
L’objet n’en demeure par moins culte et reste un très bon produit rétro gaming au regard du tarif demandé de 70€, auquel il faut bien sûr ajouter 15€ pour le Raspberry Pi Zero W (+fdp) et 15€ pour une carte micro SD correcte. C’est un poil cher, mais c’est fun et presque Plug n’ Play !
Les plus :
- Un design vraiment fidèle au Gameboy original
- 6 boutons dont 2 cachés dans la coque
- Écran couleur + son
- Montage précis et sans soudure
- Front-end RecalBox dédié
- GameBoy Wi-Fi 🙂
Les moins :
- Fragilité au montage
- Pas d’aération du Raspberry Pi Zero
- Câble d’alimentation propriétaire et trop court
- Autonomie faible, pas de batterie intégrée rechargeable en USB