Même s’il est sorti il y a près d’un mois, le jeu de courses de moto Ride 3 de Milestone méritait qu’on y consacre un petit article. 6 mois après la sortie d’un MotoGP 18 qui n’a pas convaincu tous les fans malgré les progrès proposés depuis l’opus précédent, les développeurs italiens remettent le couvert avec ce 3ème épisode de la licence Ride qui a pour objectif de devenir LE jeu de référence, véritable catalogue moto interactif.
Voyons ce qu’il a à nous offrir.
SierraNovember47 le « motard »
Petite parenthèse nécessaire avant que vous n’alliez plus loin dans le test.
Ancien motard et fan de bécanes en général, je n’en reste pas moins un amateur avec des connaissances très basiques du monde de la moto. Je n’aurai pas l’œil entraîné de l’aficionado capable de reconnaître un circuit au premier coup d’œil, de donner les caractéristiques d’une moto de tête, de critiquer la position d’un pilote dans les virages ou encore de débattre sur la courbe idéale dans tel ou tel virage, loin s’en faut.
Ma plus belle expérience sur un jeu de moto remonte à Tourist Trophy où j’avais passé des centaines d’heures, tant ce jeu m’avait plu. Mes dernières expériences remontent à quelques Moto GP où j’avais joué (et ragé !) moins d’une heure à chaque fois, la difficulté de prise en main m’ayant vite rebuté. Forcément : me faire jouer un jeu où on ne se déplace pas avec une arme entre les mains relève du défi, donc il faut que le jeu m’accroche vraiment pour me faire rester dessus quelques heures.
Je n’ai pas non plus joué à Ride 2, donc dur de juger les évolutions depuis ce précédent épisode.
Vous voilà renseigné sur votre rédacteur 😉
Teaser
Le Teaser officiel de la version PS4 annonce la couleur du titre et de ses points forts. Milestone ne reniant pas ses origines, c’est forcément une italienne de chez Ducati qui fera la couverture du jeu et sera mise en avant dans les différents vidéos que vous verrez 🙂
Ride 3 : toujours plus !
Premier constat avec Ride 3 : que l’on parle de modèles de motos, de circuits ou d’équipements du motards, le premier mot qui vient à l’esprit est « pléthore » !
Si un MotoGP se veut une retranscription la plus fidèle possible des circuits, motos et pilotes de la célèbre compétition éponyme, Ride 3 part avec un objectif différent : proposer au joueur le plus grand nombre de choses possible venant du monde de la moto. Si on ne tient pas compte du Season Pass et autres DLC qui viendront encore grossir le contenu du jeu, on ne compte au lancement pas moins de 230 motos réparties sur plus de 70 cylindrées, 27 constructeurs et plusieurs catégories de motos (Supermoto, Superbike, Naked, …) des 40 dernières années, 30 circuits et des centaines (milliers ?) d’articles pour habiller votre avatar. Les modèles des grandes marques des équipementiers motos sont fidèlement reproduits dans toutes les couleurs disponibles : vous pourrez choisir les ensembles qui vous plairont le plus parmi un catalogue énorme.
Et si cela ne suffit toujours pas et que vous souhaitez avoir une moto unique, un éditeur de « livrées » permet de créer son propre design en combinant des stickers et couches de peinture que vous pourrez disposer comme bon vous semble sur votre moto. Si vous n’avez pas l’âme d’un artiste, il sera possible de récupérer les créations d’autres membres de la communauté.
Pour résumer donc : à l’instar d’un Gran Turismo, Ride 3 offre donc un contenu colossal qui demandera aux joueurs les plus acharnés des centaines d’heures de jeu avant d’avoir pu faire le tour de tout ce qu’offre ce titre. C’est un point fort du jeu, et j’apprécie tout particulièrement de pouvoir piloter les motos « de la vraie vie » qu’on voit dans la rue et chez les concessionnaires, et pas uniquement les motos GP ultra-custom et préparées qu’on ne retrouve qu’en compétition.
Accueil et modes de jeu
L’accueil de Ride 3 est plutôt original car il se situe dans la maison de votre avatar, sorte de loft/atelier rempli de bric à brac, de pièces de motos et toujours avec la dernière moto jouée trônant au milieu de votre salon ^^. En navigant dans les menus, vous irez dans divers endroits de cet intérieur.
A noter que votre avatar ne représente aucun pilote célèbre, mais bel et bien un personnage dont vous pourrez choisir l’apparence en lançant le jeu la première fois : rien de transcendant, mais vous aurez quand même le choix entre quelques « têtes » différentes que vous pourrez légèrement customiser.
Depuis votre dressing, vous pourrez sauvegarder 6 tenues pour votre pilote : 2 de route, 2 de course et 1 supermoto … et 1 à domicile (mode T-shirt/pantoufles ^^) ! Chaque équipement est choisi individuellement, vous permettant de mélanger les marques et modèles favoris : blouson, pantalon, combinaison, casque, gants, bottes, toute la panoplie y passe. Ce passe-temps occupera certainement un bon moment les fans de tenues de moto qui chercheront le look parfait pour leur pilote.
Le menu Mes motos permet de passer en revue les modèles dont vous disposez dans votre garage. Vous pouvez les regarder sous tous les angles depuis votre « salon » (?) et les personnaliser via l’éditeur de livrées.
Mais revenons-en au pilotage !
Le mode Carrière, principal mode solo, offre un contenu très important que j’ai à peine effleuré : chaque groupe d’épreuves est présentée comme un magasine et chaque épreuve est une page qu’on tourne avec des illustrations façon BD très réussies accompagnée du détail des objectifs à remplir (utiliser telle moto, arriver au moins en telle position ou faire au moins tel temps, etc ..). C’est original et très lisible, une idée bien réussie à mon sens.
Les modes rapides permettent de faire rapidement une course avec la moto de votre choix sur un des circuits disponibles dans un mode de jeu à sélectionner (course « simple », contre la montre ou course d’accélération).
Le multijoueur vous permettra de vous confronter aux autres joueurs de la communauté sur des courses et tournois en tout genre.
Les défis hebdomadaires consistent en une course d’un des types existants sur un modèle de moto imposé et avec un temps à atteindre (même pas la peine d’essayer si vous êtes débutant …).
On retrouve donc au final un ensemble de menus plutôt classiques pour un jeu de course, mais agencé de manière originale et simple de façon à plaire au joueur plus que ne le ferait un menu plus simple où l’on navigue d’une page à l’autre en consultant seulement les contenus : le fait d’avoir l’impression de naviguer chez votre avatar comme vous le faites dans les menus est plaisant.
Qualité des graphismes et de l’audio
Le premier contact avec Ride 3 se fait via l’accueil et les menus. Tout y est modélisé avec soin et avec beaucoup de détails, avec un effort tout particulier fait sur le pilote, son équipement, et bien entendu les motos qui disposent d’une précision de rendu qu’on pourrait qualifier de photo-réaliste.
En lançant la première course, j’ai pris plaisir à observer ce pilote et cette moto en situation. Bien que le niveau de détail reste très bon, j’ai l’impression qu’en jeu il est un poil moins détaillé que dans les menus. A moins que les décors autours fassent contraste et « distraient » l’œil ?
Pour ce qui est des décors, même si je trouve que ça s’est amélioré depuis les dernières années, je ne peux m’empêcher de continuer à trouver les décors dépouillés et grossièrement modélisés. Quand on voit les sommets graphiques atteints par des jeux comme Red Dead Redemption 2, voir des arbres aussi horriblement reproduits et des tribunes remplies de « bonshommes » presque au niveau de Minecraft avec 3 tenues qui se répètent sur tous les spectateurs … quel pauvreté. Certes nous sommes en bonne partie sur des circuits de courses où les décors manquent de « densité », mais je trouve que le niveau de détail fait vraiment défaut. Seul l’asphalte offre un rendu détaillé que j’ai trouvé très réaliste. Après, il est vrai que vous passerez plus de temps concentré sur les courbes du circuit et vos concurrents que sur ce qu’il y a autour, mais j’ai souvenir de jeux de voitures beaucoup plus beaux et fouillés. Dommage donc.
Le mode photo offre à tout moment de la partie de créer un fond d’écran avec l’angle, la distance, les réglages voulus. Il permet d’avoir un flou de l’arrière plan permettant d’oublier ce défaut : comme les différentes images de l’article en témoignent, on oublie l’arrière-plan et on profite de la belle modélisation du couple moto/pilote.
Un point par contre que j’ai beaucoup apprécié sont les différentes vues disponibles.
Comme je le disais en intro, ça fait longtemps que je n’avais pas approfondi un jeu de moto et j’ai pu apprécier les différentes vues disponibles : vue arrière plus ou moins loin et au dessus du pilote, vue intérieure avec une vue directe sur le cockpit, à l’ancienne, ou encore la vue intérieure « derrière la visière » du casque qui m’a beaucoup plu, très immersive. Les différents sons du jeu y sont étouffés, rendant les sensations encore plus réelles , vraiment sympa. Par contre inutile de dire que sans une bonne maîtrise préalable du jeu, commencer directement avec cette vue relèvera de la mission impossible, augmentant certes le réalisme mais aussi la difficulté. Rien ne vaudra la vue arrière surélevée pour découvrir le jeu et prendre ses marques, parole de rookie ^^
En parlant des sons justement, je ne mentirai pas en disant que je sais reconnaître telle ou telle moto à l’oreille. L’avis d’un pro sera peut être différente, mais pour ma part, j’ai trouvé que chaque moto avait son « caractère propre » et un rendu bien distinct, laissant penser que Milestone a pris la peine d’enregistrer le son des modèles présents dans le jeu (au moins une partie je suppose), afin de les retranscrire aussi fidèlement que possible. Chacun appréciera entendre ses modèles de motos favoris « rugir » sur les circuits, tant qu’il ne s’agit pas d’une 125cm3 2 temps dont le son de tondeuse à gazon au rupteur a le don de me rendre fou en 30 secondes ^^
Le jeu propose de jouer en 60 images/seconde sur PS4 Pro, ce qui assure une fluidité parfaite en jeu. Pour les autres, le 30 images/seconde sera de rigueur si vous voulez conserver la meilleure résolution, sinon il faudra faire le choix de la fluidité au détriment de la résolution.
Sur le plan technique donc, si je dois résumer, même si je pense qu’il reste un axe d’effort sur les graphismes, il faut avouer que la recette prend plutôt bien et qu’on se retrouve vite propulsé au guidon de son bolide dans de bonnes conditions pour profiter du titre en y prenant du plaisir.
Impressions en jeu
Malgré le bon nombre d’heures passées sur le jeu, je peux résumer la sensation n°1 sur quasiment toutes mes courses : FRUSTRATION !
Comme bien des jeux de courses (tous ?), pour gagner, il faut suivre la trajectoire parfaite, tout le temps.
Et à moins de connaitre la moto et le circuit par cœur, n’étant pas une machine, il y a toujours un moment où irrémédiablement on foire un virage. Et là, c’est la sanction immédiate que je trouve toujours aussi irréaliste comme dans tous les jeux de course : les 3 concurrents qui vous suivent vous dépassent comme des balles (comme si vous étiez à l’arrêt…) et se stabilisent parfaitement à 100 m devant vous comme s’ils coupaient d’un coup les gaz …
Certes une perte brusque de vitesse suivie de l’accélération pour y retourner se traduit de la sorte même en vrai face à des concurrents qui eux restent à vitesse max, mais ça fait vraiment pas réaliste dans les faits lors de la course.
Inutile de dire qu’après un tour parfait en tête, rater 1 seul virage et perdre la course a de quoi énerver …
De plus, je n’ai toujours pas réussi à me motiver pour désactiver « l’assistance de guidage » sur les circuits, matérialisée par un pointillé indiquant la trajectoire parfaite et changeant de couleur en fonction de la vitesse à adapter à la hausse ou à la baisse. A moins de connaître tous les circuits par cœur, je ne vois pas comment faire sans, les concurrents dirigés par l’IA suivant cette trajectoire de manière mécanique.
Si on arrive à passer le cap initial de cette frustration, chose que je n’ai pas toujours réussi à faire pour d’autres jeux qui auraient peut-être fini par me plaire, il faut bien avouer que le plaisir de conduite est bien là !
L’accélération de la moto est palpable, les transferts de masse se ressentent bien dans les virages ainsi que les variations de vos courbes en fonction de la vitesse, du freinage etc …
Apprendre à dompter ces engins demandera des heures de pratique, de la patience et beaucoup de concentration. Par contre, les supermotos et leurs « virages glissés » avec le pied au sol reste pour moi un mystère : j’ai tout simplement arrêté d’essayer après 2 ou 3 essais infructueux, ce n’est clairement pas pour moi ! ^^
Les plus mordus pourront également procéder au réglage de leur engin avant chaque course, en jouant sur les étages de la boite de vitesse, le réglage des suspensions, de la fourche, etc … . Inutile de de dire que je n’ai même pas mis le nez dedans : pour moi, autant essayer de comprendre un recueil de philosophie rédigé en slovakistanais 😉
Conclusion sur Ride 3
Même si ça fait des années que je n’ai pas rejoué à la fameuse licence de jeux de voiture, j’aurais tendance d’après mes souvenirs à qualifier ce Ride 3 de « Gran Turismo de la moto« , et il n’est pas sans me rappeler « feu » Tourist Trophy qui est resté pour moi LA référence 2-roues chère à mon cœur.
Si un jeu de moto reste toujours difficile à appréhender pour les non-initiés, je pense que Ride 3 s’en sort très bien et propose une expérience de jeu très plaisante avec un contenu dantesque, et que l’on soit motard du dimanche ou qu’on ait grandi dans un « berceau à 2 roues », je pense que chacun saura y trouver son bonheur.
Un titre qui contribue visiblement à faire avancer cette catégorie de jeux en la tirant vers le haut. Il ne manquerait plus que des décors magnifiques en course et une IA moins « terminator » pour approcher la perfection.
Dans tous les cas pour moi, il devient ma nouvelle référence 🙂