Oui, ce n’est pas nouveau… A l’heure où le GIEC pousse son ultime cri d’alarme, beaucoup (trop) de marques utilisent encore sciemment des techniques d’obsolescence programmée pour pousser les consommateurs au rachat de produits neufs, et ce même en France malgré l’article L. 441-2 du Code de la consommation de 2015 et La loi sur l’empreinte environnementale du numérique, adoptée en novembre 2021. C’est tellement ancré dans notre mode de consommation, que ça ne choque même plus personne.
L’obsolescence programmée est, aux termes de la loi française, « l’ensemble des techniques, y compris logicielles, par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie » (voir Obsolescence programmée — Wikipédia (wikipedia.org))
Une batterie pour les alimenter tous !
Il ne se passe pas un jour sans qu’un nouveau produit électronique ne sorte d’un bureau d’étude et nous rapproche inexorablement un peu plus du mur environnemental vers lequel nous fonçons tête baissée, tout sourire, les yeux rivés sur nos smartphones dernier cris. L’illustration de cet article est à mon sens très représentative.
Le point le plus épineux de cette obsolescence programmée, et celui qui me choque le plus, concerne les batteries. Pas un seul consortium ou groupe de l’Union Européenne n’a réussi à mettre en place une norme unique de batteries propre à chaque type d’appareils électriques en nécessitant : un batterie unique pour les vélos, une batterie adaptée à l’ensemble des outils électroportatifs, une batterie spécifique pour tous les smartphones, etc
Non, au lieu de ça, à l’heure actuelle, sous couvert de dynamiser le marché et la créativité/innovation, chaque marque y va de sa connectique, sa forme, son voltage propriétaires au gré des produits et des gammes.
J’entends déjà les réfractaires qui fustigent : « attends, une batterie qui ne peut pas se changer manuellement n’est pas gage d’obsolescence programmée car sinon ce serait le cas de tout objet muni de batterie… », « et qu’est-ce que tu fais de la liberté d’entreprendre ? », « non mais c’est plus compliqué que tu le penses; il faudrait que… », « y’a des problèmes plus importants qu’avoir une batterie différente dans ta perceuse et dans ton scie sauteuse », « attends, si les constructeurs mettent en place des offres commerciales pour les cas de batterie épuisée, ce n’est plus de l’obsolesence programmée…« , et la fameuse « non mais vous les écolos, vous nous faites c… ! Si on vous écoutait on devrait retourner vivre dans une grotte ! ».
« Et bien si, Michel ! » N’en déplaise aux adorateurs de la consommation avide et effrénée, la problématique liée aux batteries est justement un point extrêmement important de l’obsolescence programmée et des problèmes écologiques auxquels ne devons faire face (on se souvient des températures de l’été 2022 ?).
D’autant qu’on y arrive bien pour les voitures\moto\camions (bien qu’il existe encore bien trop de modèles différents). Pourquoi ne pourrait-on pas trouver des standards similaires pour d’autres types de produits ?
La batterie ou la vie !?
Tout appareil dont une pièce n’est pas remplaçable (batterie soudée ou appareil indémontable) ou dont la réparation (ici le changement de batterie) n’est pas économiquement viable car les pièces détachées coutent trop cher ou n’existent pas est un exemple type d’obsolescence programmée.
Devoir acheter un produit neuf plutôt que pouvoir réparer un produit défectueux est une hérésie écologique ! Encore plus quand il s’agit simplement d’une batterie en fin de vie.
Et ce quel que soit la batterie : ordi portables, casque gamer Bluetooth, claviers gamer, souris gaming sans fil, téléphone, cigarette électronique, vélos, sex toy, outil électroportatif, etc
Tous viendront tôt ou tard grossir la montagne de Déchet d’Equipement Electrique et Electronique (DEEE). D’ici à 2030, cette masse annuelle planétaire devrait atteindre les 74,7 millions de tonnes.
Des cas divers et variés d’obsolescence programmée (toi aussi, paie ton condensateur !), j’en ai rencontré des dizaines (si ce n’est des centaines) dans ma vie mais ceux qui m’ont donné envie d’écrire cet article ce sont les vidéos de 2 Youtubers : Stephane alias Deus Ex Silicium (que je vous avais déjà présenté il y a quelques mois lors de l’étude interne d’une Xbox Series ou d’une PS5) et Ken Pillonel, un étudiant en robotique à l’EPFL, qui nous présentent tous 2 des cas de produits électroniques jetables.
D’un façon détournée on connaissait déjà le sujet avec les produits chinois qui sont bien souvent conçus à l’arrache, sans protection électroniques et sans objectif de durabilité, mais là on est face à des produits qui sont sciemment conçus pour ne fonctionner que le temps induit par la durée de vie de leur batterie.
Deus Ex Silicium décortique des arnaques électroniques
Dans ses vidéos, Stephane s’attaque donc aux problèmes des cigarettes électroniques et des jouets sexuels devenus jetables suite aux délires mercantiles de markéteux peu scrupuleux. Et que dire des tests de grossesses électronique à usage unique ?
( A noter le culot de Youtube de censurer cette vidéo en -18 ans quand on sait qu’on ne parle que de micro-controlleurs et résistances)
Et là c’est le pompon ! De l’électronique jetable sans fonctionnalité supplémentaire sur l’objet qu’elle remplace :
Ken Pillonel hacke un boîtier Apple Airpod
De son côté Ken s’est retrouvé personnellement confronté à une batterie HS sur son boitier Apple AirPod. Indémontable et donc techniquement irréparable, la hotline Apple lui explique OKLM qu’il n’a comme seule solution le rachat d’un nouveau boîtier. L’électronique fonctionne parfaitement mais faute d’alimentation viable, poubelle !
C’est consternant mais c’est la triste réalité du marché actuel. Au diable le Numérique Responsable, place à la consommation et aux profits.
Heureusement pour lui, il sait bricoler et n’hésite pas à prendre le problème à bras le corps pour le contourner habillement :
Bref, il est temps que tout ça s’arrête, autrement on n’arrivera jamais à… survivre !
Je vous invite d’ailleurs à lire le livre passionnant de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici intitulé Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique aux éditions Dargaud.
Ils abordent les problématiques de l’énergie et de son stockage de manière fort intéressante et bien plus sérieusement que moi.